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Contribution du Lycée Fustel de Coulanges de Yaoundé à l'APP Monde de l'AEFE, "Honneur aux arts premiers"

Le lycée Fustel de Coulanges a souhaité apporter cette année sa contribution à l'APP Monde de l'AEFE, "Honneur aux arts premiers".

Le cahier des charges de cette action pédagogique pilote était simple: promouvoir et valoriser, dans tous les établissements du réseau inscrits dans un contexte compatible, les formes de créations plastiques et l'histoire des arts des peuples dits "premiers". La civilisation occidentale, après avoir sous estimé les arts traditionnels de la statuaire et du masque, a enfin donné à ces oeuvres le statut qui leur revient: celui d'oeuvres d'arts à part entière, susceptibles de rivaliser en beauté et en spiritualité avec les oeuvres classiques de l'art occidental. Certains de ces chefs d'oeuvres trônent à présent au pavillon des arts premiers du musée du Louvre, attestant d'une appartenance à un patrimoine artistique et culturel universel.


  Sous la direction de Mme Tchouatcha, un projet pédagogique a été mis en oeuvre, depuis le mois d'octobre, mobilisant les classes de 6ème, 5ème et 3ème, ainsi que la classe de terminale littéraire. Il s'est agi de montrer comment ces traditions séculaires de la sculpture africaine ont pu marquer la création plastique contemporaine, et constituer ainsi un véritable héritage, revendiqué par les plasticiens moderne, soit de façon de façon implicite, soit de façon ouverte et déclarée. Aucun artiste en fin de compte ne tire que de lui même les matériaux de ses oeuvres.


Le lycée Fustel de Coulanges a depuis plusieurs années la chance de travailler avec une personnalité majeure de la scène artistique contemporaine du Cameroun: l'artiste sculpteur Joseph Francis Sumégné, connu pour ses oeuvres et son parcours artistique remarquable, aussi bien au Cameroun que dans de nombreux pays européens, et même aux Etats Unis. Publié par la revue Africa Remix, il est particulièrement connu des camerounais pour la statue monumentale "La nouvelle Liberté", qui fut edifiée à Douala, capitale économique du Cameroun.
Nous avons décidé de rendre hommage à cet artiste, en lui dédiant notre projet pédagogique pour cette APP Monde de l'AEFE, "Honneur aux arts premiers". Monsieur Sumégné est de nouveau venu à la rencontre de nos élèves, a encore une fois fait la démonstration de son talent de pédagogue né, capable d'éclairer le regard de nos élèves les plus jeunes, de stimuler leur curiosité et leur créativité, de les nourrir d'un discours rare: le discours de l'artiste par lequel c'est le monde lui même qui se révèle. "Lart nous fait voir le monde avec un plus grand nombre d'yeux" disait Nietzsche. Joseph Francis Sumégné nous a prêté son regard, nous a permis d'entrevoir ce qui reste le plus souvent caché à nos yeux profanes.  Sa profonde bienveillance a touché les élèves, des plus jeunes aux plus agés. Sous la direction de Madame Tchouatcha, des ateliers, des rencontres ont été organisés, des séances de travail avec les élèves de terminale, des entretiens, à la faveur desquels peu à peu, se sont dessinés les contours d'une création plastique qui prend le nom de "Jalà". Une visite de la fondation Muna a pu avoir lieu grâce à la très aimable autorisation de la direction de cette fondation. Nous avons eu la chance d'avoir Monsieur Sumégné pour guide. La fondation Muna recèle une collection unique des arts traditionnels Bamileke. Face à ces chefs d'oeuvres réunis par la fondation, Monsieur Joseph Francis Sumégné a fait cette déclaration; "Voici mes maîtres!".
A travers cette visite, ses ateliers et ses interventions, les élèves auront pu saisir la continuité qui existe entre arts traditionnels et art contemporain. Ils auront pu comprendre que si les arts premiers sont aujourd'hui exposés dans les plus grands musées, si les traditions séculaires tendent à perdre de leur force, les objets d'arts, tous les symboles qui sont parvenus jusqu'à nous, irriguent toujours de leur puissance plastique, l'esprit et l'inspiration des artistes contemporains. 
Chris Marker et Alain Resnais produisirent en 1953 un documentaire court métrage resté célèbre: "Les statues meurent aussi". 
Lorsqu'un objet d'art, un masque ou une statue meurt, lorsqu'elle est arrachée à son contexte spirituel et culturel, elle entre au musée disait Resnais.

Nous avons voulu montrer pourtant qu'en quelque sorte, ces arts premiers ne sont pas morts.

Pour répondre à Alain Resnais, ou plutôt, pour tâcher de reprendre le fil du dialogue qu'il avait initié en 1953, Madame Sarah Tchouatcha a proposé la réalisation d'un autre court métrage, écrit comme un hommage à Joseph Francis Sumégné et à sa collaboration avec notre établissement. Hommage à Joseph Francis Sumégné, hommage aux arts premiers, et un grand merci à Mme Tchouatcha et à l'agence Nassara. Les élèves auront aussi été mobilisés pour la prise en charge de la régie du film, et se souviendront de cette belle expérience. Le film est encore en gestation, mais en voici la bande annonce, qui ne manquera pas de stimuler votre curiosité. Cliquer pour regarder la vidéo sur viméo